Ambiance cheminée, charentaises et discussions autour du feu Ici, on référence des articles qui tentent de sortir la tête de la mêlée de l'actu pour prendre un peu de hauteur, et on les commente.
Aujourd'hui, un article très intéressant proposé par Don Pippo lu sur The Conversation
http://theconversation.com/malgre-plusieurs-vies-super-mario-peut-mourir-nintendo-aussi-66958
Il y est question des stratégies de pricing des consoles de jeu à l'aide de quelques théories utiles, avec comme accroche "Comment Nintendo, qui va mourir, va s'y prendre pour établir le prix de sa future console ?". Il revient notamment sur la tarification agressive des consoles à leur lancement pour créer le cercle vertueux base installée / nombre de développeurs et permet de comprendre les mécanismes qui conduisent à cette situation.
Quelques remarques en vrac, pour autant que je puisse en juger (lui c'est un chercheur, pas moi )
- L'article aurait gagné à être relu, parce que la faute à la première ligne, ça fait mauvais genre ("Mario, le petit plombier à moustacheS )
- Factuellement, il y a pas mal d'erreurs
- "Sega a dominé le marché pendant deux générations avec des consoles très populaires. Mais l'entreprise japonaise a dû sortir du jeu faute de recettes suffisantes sur les ventes de logiciels." Ca ce n'est pas vrai. Entre autres.
- "L'industrie du jeu vidéo connaît en effet des cycles rapides où un modèle technologique chasse l'autre, où se succèdent sortants et nouveaux entrants, et où le premier de la classe ne le reste pas très longtemps." . Les cycles sont très rapides, mais les technologies sur les consoles très homogènes si tu exclues Nintendo. Par ailleurs ça fait quinze ans que personne n'a quitté ni pénétré le marché de la console de salon.
- L'auteur voit trois facteurs pour le succès des hardware : performance, qualité et quantité de jeux, base installée. Le premier facteur n'est pas un invariant du succès, loin de là, sans quoi ni la Wii ni la Gameboy n'auraient fait un carton. Et puis il ne pondère pas ces facteurs non plus.
- Il oublie aussi un point décisif dans l'évolution du prix des consoles : la loi de Moore, qui a toujours fonctionné à peu de choses près et qui régule le prix de toute l'électronique de masse. Pour mémoire, en version simplifiée, les semiconducteurs voient leur complexité doubler à prix constant tous les douze mois. Dit autrement, à complexité constante, le coût des semiconducteurs sont divisés par deux chaque année. Et donc l'électronique devient de moins en moins cher, et donc il est tout à fait possible pour Sony / MS / Nintendo de baisser leur prix au bout de quelques années... sans pour autant sacrifier leurs marges
- Il invoque Coase, prix Nobel notamment pour ses travaux majeur-issimes sur les coûts de transaction et la raison d'être des firmes. Sauf qu'ici, il est question de ses travaux sur les monopoles dans les biens durables qui sont pas du tout convaincants à plusieurs titres (au hasard parce que l'utilité des consoles évolue considérablement à chaque génération, ou encore parce que l'épreuve des faits invalide très largement la tarification à coût marginal ou presque - sans quoi Apple ne ferait pas 20-25% de marge nette)
- Et puis encore d'autres choses qui font penser que l'auteur touche sa bille en économie industrielle, mais que sa connaissance du jeu vidéo comme marché est un peu superficielle et le conduit à des erreurs.
Pour le reste, sur le fond et à grands traits, c'est effectivement très difficile et crucial de bien pricer une nouvelle console
Bientôt, une revue des commentaires d'analystes sur les perspectives de Nintendo suite à la présentation de la Switch :sol:
Aujourd'hui, un article très intéressant proposé par Don Pippo lu sur The Conversation
http://theconversation.com/malgre-plusieurs-vies-super-mario-peut-mourir-nintendo-aussi-66958
Il y est question des stratégies de pricing des consoles de jeu à l'aide de quelques théories utiles, avec comme accroche "Comment Nintendo, qui va mourir, va s'y prendre pour établir le prix de sa future console ?". Il revient notamment sur la tarification agressive des consoles à leur lancement pour créer le cercle vertueux base installée / nombre de développeurs et permet de comprendre les mécanismes qui conduisent à cette situation.
Quelques remarques en vrac, pour autant que je puisse en juger (lui c'est un chercheur, pas moi )
- L'article aurait gagné à être relu, parce que la faute à la première ligne, ça fait mauvais genre ("Mario, le petit plombier à moustache
- Factuellement, il y a pas mal d'erreurs
- "Sega a dominé le marché pendant deux générations avec des consoles très populaires. Mais l'entreprise japonaise a dû sortir du jeu faute de recettes suffisantes sur les ventes de logiciels." Ca ce n'est pas vrai. Entre autres.
- "L'industrie du jeu vidéo connaît en effet des cycles rapides où un modèle technologique chasse l'autre, où se succèdent sortants et nouveaux entrants, et où le premier de la classe ne le reste pas très longtemps." . Les cycles sont très rapides, mais les technologies sur les consoles très homogènes si tu exclues Nintendo. Par ailleurs ça fait quinze ans que personne n'a quitté ni pénétré le marché de la console de salon.
- L'auteur voit trois facteurs pour le succès des hardware : performance, qualité et quantité de jeux, base installée. Le premier facteur n'est pas un invariant du succès, loin de là, sans quoi ni la Wii ni la Gameboy n'auraient fait un carton. Et puis il ne pondère pas ces facteurs non plus.
- Il oublie aussi un point décisif dans l'évolution du prix des consoles : la loi de Moore, qui a toujours fonctionné à peu de choses près et qui régule le prix de toute l'électronique de masse. Pour mémoire, en version simplifiée, les semiconducteurs voient leur complexité doubler à prix constant tous les douze mois. Dit autrement, à complexité constante, le coût des semiconducteurs sont divisés par deux chaque année. Et donc l'électronique devient de moins en moins cher, et donc il est tout à fait possible pour Sony / MS / Nintendo de baisser leur prix au bout de quelques années... sans pour autant sacrifier leurs marges
- Il invoque Coase, prix Nobel notamment pour ses travaux majeur-issimes sur les coûts de transaction et la raison d'être des firmes. Sauf qu'ici, il est question de ses travaux sur les monopoles dans les biens durables qui sont pas du tout convaincants à plusieurs titres (au hasard parce que l'utilité des consoles évolue considérablement à chaque génération, ou encore parce que l'épreuve des faits invalide très largement la tarification à coût marginal ou presque - sans quoi Apple ne ferait pas 20-25% de marge nette)
- Et puis encore d'autres choses qui font penser que l'auteur touche sa bille en économie industrielle, mais que sa connaissance du jeu vidéo comme marché est un peu superficielle et le conduit à des erreurs.
Pour le reste, sur le fond et à grands traits, c'est effectivement très difficile et crucial de bien pricer une nouvelle console
Bientôt, une revue des commentaires d'analystes sur les perspectives de Nintendo suite à la présentation de la Switch :sol: