Sujet hautement intéressant.
Un peu d'uchronie : imaginer un instant que les Russes (nonobstant la période soviétique) avaient décidé de faire leurs propres animés et jeux à la même cadence que le Japon, eh bien on aurait eu une armée - non pas d'otakus - mais de russophiles qui se seraient "subitement" intéressés à leur culture, leurs traditions orthodoxes et plus généralement leur pays. Avec un pan entier de français qui auraient appris le cyrillique. C'est aussi ça le soft-power.
Je ne dis pas que le Japon n'est pas fascinant sans l'apport des jeux et mangas, mais tout de même, si on y réfléchit un instant, ça aurait changé beaucoup de choses.
Après il y a l'art et la manière de le faire. Il faut aussi une industrie solide, des moyens et voir sur le long terme. Quand on sait que le Japon vendait dans les années 80 ses animés pour une bouchée de pain ("au rouleau" comme disait l'un des comédiens du doublage), la stratégie a payé.
Ensuite, le plus dur, c'est aussi de faire dans la subtilité. Le Japon est une éponge à ce niveau-là : il absorbe toutes les cultures pour en créer quelque chose d'unique (qu'on aime ou pas, c'est un autre sujet). Et ainsi, on se retrouve pas seulement avec des références japonaises mais françaises, européennes et asiatiques dans l'ensemble, etc. Bref, ça mange à tous les râteliers. Et l'astuce, c'est d'apporter des éléments typiquement nippons dans une représentation qui ne l'est pas. Combien de fois ils ont "idéaliser" l'Europe avec des caractères japonais, une approche assez unique en somme ; ce qui permet aux aux étrangers de se familiariser avec leurs codes sans pour autant être réticent ou faire fasse à un "mur culturel".
On en vient naturellement à quelque chose qui manque chez nous, aux USA ou en Europe : la culture des créateurs. Trop souvent nos artistes ont voulu se démarquer en faisant fi de leur propre culture, oubliant leurs racines, passé, etc. Et c'est ça le malheur : on ne fait pas envie, on n'attire pas l'étranger vers soi, car les créateurs/artistes sont souvent incultes ou se sentent obligés de renier leur passé historique. Aucun développeur français ne ferait un jeu sur Napoléon : trop ringard, trop connoté, ça ferait polémique, etc. Les Japonais n'ont pas cette pudeur (et pourtant ils en ont beaucoup).
Autre soucis : le suivisme. Maintenant qu'une petite industrie française est en marche, on a trop tendance à faire du copier/coller du Japon et/ou américain (cf : Shiness). Ce qui est très dommageable car on a une manne inépuisable de grands artistes du passé qui nous permettraient de redigérer notre culture pour en faire également quelque chose d'unique. Mais là encore, le poids idéologique fait qu'on n'y arrive pas.
A ce titre, j'ai beaucoup aimé la patte artistique de Child of Light : pas japonisant, pas "animé" façon Pixar & co, non, de la fraicheur et c'est malheureusement trop rare.
Un peu d'uchronie : imaginer un instant que les Russes (nonobstant la période soviétique) avaient décidé de faire leurs propres animés et jeux à la même cadence que le Japon, eh bien on aurait eu une armée - non pas d'otakus - mais de russophiles qui se seraient "subitement" intéressés à leur culture, leurs traditions orthodoxes et plus généralement leur pays. Avec un pan entier de français qui auraient appris le cyrillique. C'est aussi ça le soft-power.
Je ne dis pas que le Japon n'est pas fascinant sans l'apport des jeux et mangas, mais tout de même, si on y réfléchit un instant, ça aurait changé beaucoup de choses.
Après il y a l'art et la manière de le faire. Il faut aussi une industrie solide, des moyens et voir sur le long terme. Quand on sait que le Japon vendait dans les années 80 ses animés pour une bouchée de pain ("au rouleau" comme disait l'un des comédiens du doublage), la stratégie a payé.
Ensuite, le plus dur, c'est aussi de faire dans la subtilité. Le Japon est une éponge à ce niveau-là : il absorbe toutes les cultures pour en créer quelque chose d'unique (qu'on aime ou pas, c'est un autre sujet). Et ainsi, on se retrouve pas seulement avec des références japonaises mais françaises, européennes et asiatiques dans l'ensemble, etc. Bref, ça mange à tous les râteliers. Et l'astuce, c'est d'apporter des éléments typiquement nippons dans une représentation qui ne l'est pas. Combien de fois ils ont "idéaliser" l'Europe avec des caractères japonais, une approche assez unique en somme ; ce qui permet aux aux étrangers de se familiariser avec leurs codes sans pour autant être réticent ou faire fasse à un "mur culturel".
On en vient naturellement à quelque chose qui manque chez nous, aux USA ou en Europe : la culture des créateurs. Trop souvent nos artistes ont voulu se démarquer en faisant fi de leur propre culture, oubliant leurs racines, passé, etc. Et c'est ça le malheur : on ne fait pas envie, on n'attire pas l'étranger vers soi, car les créateurs/artistes sont souvent incultes ou se sentent obligés de renier leur passé historique. Aucun développeur français ne ferait un jeu sur Napoléon : trop ringard, trop connoté, ça ferait polémique, etc. Les Japonais n'ont pas cette pudeur (et pourtant ils en ont beaucoup).
Autre soucis : le suivisme. Maintenant qu'une petite industrie française est en marche, on a trop tendance à faire du copier/coller du Japon et/ou américain (cf : Shiness). Ce qui est très dommageable car on a une manne inépuisable de grands artistes du passé qui nous permettraient de redigérer notre culture pour en faire également quelque chose d'unique. Mais là encore, le poids idéologique fait qu'on n'y arrive pas.
A ce titre, j'ai beaucoup aimé la patte artistique de Child of Light : pas japonisant, pas "animé" façon Pixar & co, non, de la fraicheur et c'est malheureusement trop rare.