Le Guetteur de Michele Placido (2012)

Démarré par Tirry, Juillet 28, 2012, 04:02:34 PM

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Tirry

J'ai longtemps hésité à créer un topic concernant Le Guetteur. Puis je me suis dit qu'il pourrait entrainer un débat (...ou pas) concernant la production française.

Il est bien trop rare d'avoir des films français un peu plus couillus que les sempiternelles comédies absconnes ou les prospectus sociaux estampillés "exception culturelle".

Si il existe actuellement dans le domaine du polar le nom d'Olivier Marchal, essayant de faire renaître de ces cendres une tradition pourtant française d'un cinéma populaire avec le genre comme les films Jean-Pierre Melville ou Henri Verneuil.

Il faut bien reconnaitre qu'il il se sent bien seul. Marchal étant un ancien flic. Le système le considère donc plus légitime à faire du polar qu'un autre réalisateur certainement plus doué et hard boiled. Parce que vous l'avez bien compris. En France, pour faire un film de SF, il faut soit être astronaute ou prophète avant d'être cinéaste.

Bref, les choses évoluent lentement mais surement du moins dans le domaine du polar. Julien Leclercq, réalisateur du plutôt bon L'Assaut, tourne actuellement Gibraltar pour un budget de 20M€ (grosse prod en France) à partir d'un scénario d'Abdel Raouf Dafri (Un Prophète, Mesrine) et cette année sort donc Le Guetteur de Michele Placido, réalisateur italien du très bon Romanzo Criminale avec Daniel Auteuil et Matthieu Kassovitz en sniper anarchiste.

La bande annonce laisse entrevoir un film plutôt efficace dans le genre.



Et pour l'anecdote la promo semble assumer complétement les récents dérapages de Matthieu Kassovitz (son tweet: "J'encule le cinéma français"). La preuve avec cet extrait du dialogue juste avant l'apparition de son nom:
"Il n'y a pas de secret pour un type qui tire sur les flics et pisse sur le système".

Sortie le 5 septembre prochain.


pippoletsu

Romanzo Criminale était très bien. À suivre donc.

glen

Marchal n'est pas du tout légitime justement, bcp de flics lui casseraient bien la gueule tant il énerve et agace avec sa vision romantique du flic. Il se plante autant que les autres.

Bakappoi

marchal a fait un excellent film. et depuis il se cache derrière pour continuer sa carrière.

Tirry

Citation de: glen le Juillet 28, 2012, 04:52:14 PM
Marchal n'est pas du tout légitime justement, bcp de flics lui casseraient bien la gueule tant il énerve et agace avec sa vision romantique du flic. Il se plante autant que les autres.

Quand j'écris le système. C'est celui du Cinéma et des médias de communications en règle général.

Sinon, Marchal est bon. Mr-73 est pour moi son meilleur film.
Après on a un Fred Cavayé qui je pense est supérieur. Son premier film, Pour Elle avec Lindon et Diane Kruger et son second, le nerveux A Bout Pourtant avec Gilles Lellouche prouvent que le bonhomme est plutôt bosseur là où Marchal se repose parfois un peu trop sur son casting...

Il reste Jean-François Richet (Ma-6-T va cracker, De l'amour, les deux films sur Mesrine et entre tout ça l'experience américaine du remake d'Assaut de John Carpenter). Même si il a du savoir-faire, le cinéma de Richet est avant tout un cinéma idéologique. Et ça le perd considérablement...

Bakappoi

comment est ce dieu possible de préférer m-73 à 36 quai des orfèvres? :sweat:

Tirry

Citation de: Bakappoi le Juillet 28, 2012, 07:25:13 PM
comment est ce dieu possible de préférer m-73 à 36 quai des orfèvres? :sweat:

Et bien perso...
J'aime tout simplement le côté dépressif du personnage de Daniel Auteuil.
J'aime le putain d'orage qui rode constamment au dessus de sa tête.

J'aime le lyrisme du film que je trouve bien plus cinématographique que celui de 36 (film qui est loin d'être mauvais attention !)

glen

Je préfère très nettement les incursions dans le polar de la part d'auteurs que les films des "spécialistes" du genre :o
Lucas Belvaux a fait des "polars" superbes par exemple.. La raison du plus faible :leuv:

Tirry

Pas tort. Je me souviens aussi d'un film Les Liens du Sang de Jacques Maillot avec François Cluzet et Guillaume Canet. Il était pas mal.

Le problème c'est que si les mises en scène sont correctes. Les réalisateurs français (en règle général) ont du mal à imprimer une empreinte personnelle et/ou en adéquation avec le sujet traité. Quelque chose qui fait dire au spéctateur: "ça c'est un tel ou un tel". C'est ce qu'il y a de plus difficile pour un réalisateur d'ailleur. Mais ça necessite un vrai rapport à l'image. C'est le problème du ciné français qui ressemble bien trop souvent à des captations théatrales.

Bakappoi


Tirry


glen

#11
On oublie aussi un grand représentant du polar français, Alain Corneau.
Police python 357, série noire, le choix des armes, le cousin, le deuxième souffle..

pippoletsu

Le cousin reste mon polar français préféré hors Melville. 

JiHaisse

cette caricature du cinéma français made in Tirry c'est priceless quand même :)
Pendant ce temps là t'enchaines les topics sur des blockbusters de merde.

Tirry

Je ne pense pas caricaturer le cinéma français. Il se caricature très bien lui même. Il existe bien des grands réals que l'on peut citer facilement tant ils sont peu nombreux: Kassovitz, Kounen, Gans, Jeunet, Besson, Audiard... et parmis la nouvelle génération: Siri, Aja, Leclercq...

Sachant que ces réalisateurs sortent en moyenne 1 films tous les 3 ans. Et qu'il y a  plus de 200 films produient chaque année en France. Je te laisse seul juge.

La parole à Matthieu Kassovitz sur le cinéma français: "les gens travaillent dans des tout petits groupes, on retrouve les mêmes acteurs dans les mêmes films faits par des copains... Je trouve que cette partouze artistico-commerciale n'est pas bénéficiaire... n'est pas excitante. Et j'en suis extrêmement malheureux."

Et encore il ne s'est pas attardé sur la forme, la dynamique à l'intérieur d'un cadre et/ou au montage, la grammaire quasi inexistante chez nous. (sauf chez les noms cités plus haut).

Et ce n'est pas l'école de la Femis - fournisseur exclusif de moutons pour l'industrie du cinéma français - qui va arranger ça. Il y a deux ans son directeur tirait sur la sonnette d'alarme: En quatre ans, il n'y a pas eu un seul cours de découpage de scènes, les ateliers de direction d'acteurs sont très insuffisants et les analyses filmiques catastrophiques. Est-ce normal de sortir de la Fémis sans savoir faire un champ-contrechamp ?

Et encore, il est gentil je trouve. Si je l'ouvre ça fait encore plus mal.

Pour résumer et en caricaturant:
Un film français, c'est l'ambition de parler d'un sujet sérieux avec le langage d'un homme préhistorique.
Un blockbuster US, c'est parler dans une langue très riche sur un sujet sans intérét.

J'ai choisis mon camp et je prèfere le second.

Le commentaire ne vaut rien si il n'est pas porté par le langage cinématographique.
Si il ya des gens qui n'arrivent pas à faire la différence entre une captation de Plus Belle la Vie au cinéma avec même le plus mauvais des blockbusters américains... Il reste encore la possibilité de prendre des cours théoriques sur l'image.